Assurance Cyber : Les Obligations Catastrophes pour les Entreprises
En France comme ailleurs, les cyberattaques ne sont plus des incidents exceptionnels : elles sont devenues une menace quotidienne pour les entreprises, quelle que soit leur taille. Mais lorsqu’un sinistre prend une ampleur catastrophique — paralysant toute l’activité, entraînant des pertes massives et compromettant la continuité des opérations — les conséquences financières peuvent dépasser de loin ce que l’on imagine.
C’est là qu’intervient l’assurance cyber, et plus particulièrement la notion d’obligations catastrophes. Ces obligations, souvent méconnues, encadrent la couverture des risques majeurs liés à un cyber-événement à grande échelle. Elles imposent à l’assuré et à l’assureur des responsabilités spécifiques, afin de garantir que les indemnisations puissent être versées dans un contexte potentiellement chaotique.
Dans cet article, nous allons explorer :
Ce que recouvrent les obligations catastrophes en assurance cyber
Les responsabilités de l’entreprise assurée
Les engagements de l’assureur
Les enjeux réglementaires et juridiques en France
Les bonnes pratiques pour rester en conformité et limiter l’impact financier d’un sinistre
Qu’entend-on par « obligations catastrophes » en assurance cyber ?
En cyber assurance, le terme obligation catastrophe fait référence aux dispositions contractuelles et réglementaires spécifiques prévues en cas de sinistre de grande ampleur. Dans le domaine cyber, il s’agit de scénarios extrêmes tels que :
Une attaque informatique massive paralysant tout ou partie du réseau national
Une intrusion coordonnée affectant plusieurs entreprises en même temps (par exemple via un fournisseur de services cloud compromis)
Un ransomware déployé à large échelle exploitant une faille zero-day critique
Une compromission des données à caractère personnel de millions d’utilisateurs, entraînant une avalanche de réclamations et sanctions
Ces situations diffèrent des incidents isolés par leur ampleur, leur impact économique et la complexité de la réponse. Les obligations catastrophes visent à :
Définir les procédures d’urgence à suivre par l’entreprise assurée
Encadrer la communication avec l’assureur et les autorités
Préciser les délais, exclusions et plafonds d’indemnisation
Mettre en place des mécanismes de mutualisation pour gérer le risque systémique
Le cadre juridique et réglementaire en France
Absence de régime « Cat Nat » pour le cyber
Contrairement aux catastrophes naturelles, encadrées par la loi française via le régime des catastrophes naturelles (Cat Nat), il n’existe pas à ce jour de mécanisme public obligatoire couvrant les catastrophes cyber.
Cela signifie que :
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Les garanties « catastrophes » en assurance cyber sont définies contractuellement, au cas par cas.
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Les assureurs peuvent inclure ou exclure certains événements à grande échelle.
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La définition d’un « sinistre catastrophe » peut varier d’un contrat à l’autre.
Obligations légales indirectes
Même en l’absence de régime public, plusieurs textes imposent aux entreprises de prendre des mesures de sécurité et de signaler certains incidents :
RGPD : notification obligatoire à la CNIL en cas de violation de données personnelles
Directive NIS2 (applicable en France à partir d’octobre 2024) : obligations renforcées pour les opérateurs essentiels et importants
Code du commerce : responsabilité des dirigeants en matière de continuité d’activité et de gestion des risques
En pratique, le non-respect de ces obligations légales peut entraîner une réduction ou un refus d’indemnisation par l’assureur en cas de sinistre catastrophique.
Les responsabilités de l’entreprise assurée en cas de catastrophe cyber
Une entreprise couverte par une assurance cyber doit anticiper les obligations catastrophes dès la signature du contrat, mais aussi être prête à les appliquer immédiatement en cas de sinistre.
Déclaration rapide et précise
En situation de crise, le temps est un facteur critique. Les contrats prévoient souvent :
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Un délai maximal de 24 à 72 heures pour déclarer le sinistre
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L’obligation de fournir des éléments factuels sur la nature de l’attaque, la date de détection et les premières mesures prises
Coopération totale avec l’assureur
En contexte catastrophe, l’assureur peut déployer ses propres experts techniques et juridiques. L’entreprise doit :
Donner accès aux journaux de sécurité, sauvegardes et systèmes affectés
Ne pas effacer ou altérer les preuves numériques
Appliquer les recommandations immédiates des experts missionnés
Maintien d’un plan de continuité d’activité (PCA)
Pour que l’indemnisation soit possible, l’assureur exige souvent que l’entreprise dispose d’un PCA testé régulièrement :
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Sauvegardes hors ligne
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Solutions de reprise après sinistre (DRP – Disaster Recovery Plan)
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Procédures de bascule vers des systèmes de secours
Sans ces éléments, une clause d’exclusion peut être appliquée.

Les engagements de l’assureur face à une catastrophe cyber
Mobilisation d’équipes spécialisées
Les contrats prévoient souvent l’accès à :
Des experts en cybersécurité pour contenir l’attaque
Des juristes spécialisés en conformité et protection des données
Des équipes de communication de crise pour gérer l’image publique
Couverture financière élargie
Les garanties peuvent inclure :
Les frais de restauration des systèmes et données
Les pertes d’exploitation pendant l’arrêt de l’activité
Les coûts de notification et d’assistance aux victimes de fuite de données
Les frais de défense juridique en cas de litige
Gestion de la mutualisation du risque
En cas de sinistre catastrophique touchant plusieurs assurés, l’assureur doit appliquer des clauses de répartition proportionnelle des indemnisations pour éviter l’insolvabilité du fonds.
Les exclusions fréquentes en matière de catastrophes cyber
Malgré le terme rassurant d’« assurance catastrophe », certaines situations peuvent rester non couvertes :
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Attaques menées par ou avec la complicité de dirigeants de l’entreprise
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Dommages causés par un défaut d’entretien manifeste des systèmes
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Actes de guerre ou de cyberterrorisme (selon la définition contractuelle)
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Non-respect des obligations réglementaires (ex. RGPD, NIS2)
Bonnes pratiques pour se préparer à une catastrophe cyber
Analyser et négocier son contrat
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Lire attentivement les clauses de définition d’une catastrophe cyber
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Vérifier les plafonds d’indemnisation spécifiques
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Négocier l’inclusion d’événements à grande échelle dans la couverture
Renforcer la sécurité technique
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Segmentation réseau
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Gestion stricte des accès privilégiés
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Supervision 24/7 et détection d’anomalies
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Mises à jour et correctifs réguliers
Tester régulièrement les procédures de crise
Exercices de simulation d’attaque à grande échelle
Vérification de la capacité à restaurer les systèmes en mode dégradé
Formation des équipes à la communication en cas d’incident
Enjeux économiques et stratégiques
La multiplication des attaques massives (ex. SolarWinds, Kaseya, MOVEit) montre que le risque systémique cyber n’est plus théorique. Pour les entreprises françaises, l’assurance catastrophe cyber est :
Un filet de sécurité financier
Un levier de crédibilité auprès des clients et partenaires
Un outil de résilience dans un environnement réglementaire de plus en plus strict
À l’inverse, ignorer ces obligations expose à :
Des pertes financières irrécupérables
Des sanctions réglementaires
Une atteinte durable à la réputation
L’assurance cyber ne se résume pas à un simple remboursement après une attaque : elle implique des obligations catastrophes précises, qui conditionnent la protection financière en cas d’événement à grande échelle.
Pour les entreprises françaises, comprendre et anticiper ces obligations est un investissement stratégique. Cela suppose de négocier intelligemment son contrat, de maintenir un haut niveau de cybersécurité, et de tester régulièrement les plans de continuité.
En matière de risque cyber, la catastrophe ne se produit pas seulement chez les autres. Et lorsque l’onde de choc frappe, la préparation contractuelle et technique fait toute la différence entre une reprise rapide et une faillite annoncée.
📌 FAQ – Assurance Cyber les Obligations Catastrophes
Question | Réponse |
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Qu’est-ce qu’une obligation catastrophe en assurance cyber ? | Ce sont les clauses spécifiques prévues pour un sinistre informatique de grande ampleur, définissant les démarches d’urgence, les délais, la coopération avec l’assureur et les conditions d’indemnisation. |
Existe-t-il un régime “Cat Nat” pour les cyberattaques en France ? | Non. Il n’existe pas de régime public obligatoire comme pour les catastrophes naturelles. Les garanties sont fixées uniquement par le contrat avec l’assureur. |
Quelles sont les obligations d’une entreprise en cas de catastrophe cyber ? | Déclarer l’incident dans les 24 à 72h, transmettre des informations précises, fournir l’accès aux preuves numériques, coopérer avec les experts, et activer son plan de continuité d’activité. |
Quels frais peuvent être pris en charge par l’assurance catastrophe cyber ? | La restauration des systèmes et données, les pertes d’exploitation, les frais de notification aux victimes, l’assistance juridique et la communication de crise. |
Comment se préparer pour rester couvert face à une catastrophe cyber ? | Lire attentivement son contrat, renforcer la cybersécurité (mises à jour, segmentation réseau, sauvegardes hors ligne) et tester régulièrement les plans de continuité et de reprise après sinistre. |